SONIC MIRROR

Publié le par MAX HEADROOM

Au risque de passer pour un terrible INTEGRISTE qui n'écoute que du JAZZ, après Thélonious Monk, Charlie Parker, pour vous changer de Chet Baker et Youssou N'dour à la rentrée, je vais mettre un peu d'eau dans mon tempo et vous proposer:  Lou Reed de Julian Schnabel,  Vivaldi, un prince à Venise, sortie fin Août, Le silence avant Bach, film Espagnol, sortie inconnue...

Si vous avez des idées de films musicaux, je suis à votre écoute!


Mika KAURISMÄKI - documentaire Suisse / Finlande / Allemagne -2007 -1h20 - avec Billy Cobham, Randy Brecker, Tunji Beier, Debalê Malê...



La musique ne se laissera pas enfermer entre quatre murs. Pas celle que nous propose de suivre Mika Kaurismäki. À l'image de son très poétique titre, Sonic Mirror (traduisez « le miroir du son ») prend le pari de nous donner à voir et à écouter une musique qui se reflète et, donc, qui rayonne. Ici, les sons voyagent et se partagent autant qu'ils fondent l'identité et célèbrent la culture. Parfois aussi, ils libèrent, apaisent. Et peut-être même, guérissent...

Mika Kaurismäki (le grand frère d'Aki) a eu la bonne idée de mettre sa caméra et ses micros au milieu des nombreux projets musicaux de l'immense batteur Billy Cobham. Originaire de Panama, ce dernier s'installe avec sa famille à New York dans les années 50. Dix ans plus tard, il commence sa carrière de musicien professionnel au côté des plus grandes pointures du jazz et rencontre Miles Davis avec qui il monte le « Mahavishnu Orchestra », entre jazz, rock et funk. Depuis Bill Cobham n'a jamais arrêté de jouer, de produire des disques et de voyager. Il est l'un des batteurs les plus respectés de la planète.

Quatre de ses expériences nous sont montrées ici, dans un ordre à première vue aléatoire mais pourtant parfaitement contrôlé. L'une nous mène aux Etats-Unis, dans la maison familiale où Billy a découvert la musique, et nous plonge aux racines des rythmes qui l'envoûtent encore aujourd'hui. Puis direction Salvador de Bahia, au cœur de la culture afro-brésilienne, où Cobham, entouré d'enfants percussionnistes, s'initie au rythme des percussions « Malê » qui continue de faire vivre la tradition apportée d'Afrique jusqu'au Brésil par les esclaves. Ensuite, c'est entouré d'un big band finlandais que nous retrouvons le jazzman pour un concert exceptionnel. Il y déploie toute sa technique, soutenu par une section cuivres des plus rares. Enfin, en Suisse, dans un centre d'accueil pour autistes, pour une séance de « musicothérapie », accompagné des membres du groupe nigérien « Okuta Percussion ». Expérience unique, où Cobham arrive, grâce à la musique, à capter l'attention des autistes comme s'il apportait tout à coup les bonnes réponses, communiquant avec eux jusqu'à disperser sur leurs visages l'émotion et les sourires d'une joie intense et libératrice.

Kaurismäki bâtit son film sur le double postulat que la musique est à la fois un langage universel et une expression singulière, à la fois phénomène social et voix intimiste. Ce sont quatre projets distincts mais tous unis par la même foi en la musique et ses vertus rédemptrices. Et ça n'a rien d'un cours magistral, mais plutôt d'une grande décharge de plaisir et de générosité. Du Brésil à la Finlande, les rythmes sont un subtil support au développement et à l'équilibre des individus et des communautés.

Publié dans cinetampes

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article