John Waters version 2007

Publié le par MAX HEADROOM

HAIRSPRAY 

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Réalisé et chorégraphié par Adam SHANKMAN, USA, 2007, 1h54mn, avec Amanda Bynes, Christopher Walken, John Travolta, Michelle Pfeiffer, Queen Latifah, Britany Snow, James Mardsen... Scénario de Leslie Dixon. Paroles et musiques de Marc Shaiman et Scott Wittman.

Adaptation de la comédie musicale made in Brodway du même nom, elle-même tirée du film culte de John Waters (1988), opéra rock déjanté, festif et pétillant qui vous communique, dès sa première scène, une patate d’enfer! Alors bien sûr, on peut être allergique au genre : les décors et les tenues kitschissimes des années 50, les grandes envolées musicales et dansantes, le rythme effréné… Mais si on joue le jeu, ça marche à fond ! C’est enlevé, c’est drôle, c’est malin, ça déborde d’une énergie contagieuse.

La première super idée d’Hairspray le film, c’est son casting, à la fois prestigieux et très « second degré », propre à séduire les plus réfractaires. Mention particulière pour Christopher Walken, génial en père de famille vendeur de farces et attrapes, adepte du coussin péteur, des lunettes déshabilleuses et de la poignée de mains vibreuse. Bravo aussi à la toujours aussi svelte Michelle Pfeiffer, qui campe la méchante blonde de l’histoire, cynique et machiavélique Susy sans ses Bakers Boys; sans oublier John Travolta, grimé et gonflé à bloc, qui interprète la mère obèse de la jeune héroïne (rien que ça !), ni Queen Latifah, toujours aussi charismatique et imposante. Tout ça fait évidemment dans l’énaurme, on est passablement éloigné de la finesse et de la grâce… et pourtant, derrière son côté gros gâteau d’anniversaire avec crème multicolore chimique et nappage dégoulinant de sucre, Hairspray fait passer un souffle vivifiant de liberté, et fredonne, sous des airs légers et réjouissants, un hymne au non conformisme, à la fraternité, à la reconnaissance et à l’amour des différences… Très américain, très naïf, très fleur bleue, me direz-vous ? Sans doute, et alors ? De temps en temps, ce genre de spectacle qui rentre dans le lard des conventions avec la délicatesse d’un rhinocéros, ça fait fichtrement du bien !

Nous sommes à Baltimore, fin des années 50. Les filles portent des soquettes et des rubans multicolores dans une chevelure crêpée avec soin, façon choucroute, les garçons se la jouent plutôt gominé, avec le peigne toujours prêt à être dégainé. Tous les ados de la ville suivent un show télévisé musical, le « Corny Collins show », où les heureux sélectionnés peuvent chanter et se déhancher sur des rythmes endiablés. Une heure de gloire sponsorisé par la laque « Haisrpray » et tenue d’une main de fer par Velma Von Tussle, impitoyable productrice qui fut elle-même il y a quelques lustres (savamment effacés par une chirurgie effectivement réparatrice) Miss Baltimore. Ici, ce ne sont que visages rayonnants, faces bien blanches de préférence, allures sveltes si possible et sourires un peu niais. Pour satisfaire la population colorée et la bonne conscience d’une Amérique où les pancartes « Negro only » s’affichent encore avec fierté, l’émission ouvre sa piste, une fois par semaine, aux gens de couleur.
C’est dans ce contexte que débarque un beau matin une ado qui a des fourmis dans les jambes et une énergie à réveiller les morts : Tracy, petite, grassouillette, brunette, donc pas vraiment en conformité avec les canons de l’émission, se retrouve contre toute attente sélectionnée dans le show. Et elle va mettre le feu !
Et quand elle va découvrir dans un même élan les déhanchés bien suggestifs des jeunes ados noirs qui dansent entre eux et les injustices dont ils sont victimes, ce n’est plus l’exctincteur qu’il faudra, mais le canadair…
Les années cinquante sont bel et bien révolus, la modernité sonne aux portes de Baltimore nul ne saurait arrêter la marche pour l’intégration des noirs. Militante et fière de l’être, la pétillante Tracy est plutôt mal barreé pour conquérir le titre de Miss Hairspray…

Publié dans cinetampes

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