Espoir...

Publié le par MAX HEADROOM

THE BUBBLE

Eytan FOX, Israël, 2007, 1h57mn,
avec Ohad Knoller, Yousef « Jo » Sweid, Daniela Wircer, Alon Friedmann, Zion Baruch, Lior Ashkenazi... Scénario de Gal Uchovsky et Eytan Fox. Festival de Berlin 2007 : Prix du public, Prix des cinémas d’art et essai. 

Eytan Fox n’est pas un inconnu, il a même laissé un très bon souvenir avec son film précédent : Tu marcheras sur l’eau. Un regard neuf et moderne sur la société israélienne, sur son histoire et ses blocages, et puis une énergie, une volonté d’optimisme incarnées par des personnages neufs eux aussi : jeunes, ouverts, qui ne veulent pas oublier le passé mais faire avec pour faire mieux, pour construire un avenir pacifié, dans leur tête et au dehors. On retrouve toutes ces qualités dans The Bubble, une histoire d’amour et d’amitié rattrapée par la réalité…

Première scène, on est en plein justement dans la réalité, dans le quotidien d’une terre divisée, mais pas du tout partagée: un check-point à Naplouse. Les civils palestiniens doivent se soumettre au contrôle zélé de l’armée israélienne, présenter leurs papiers pour passer. Dans la file d’attene, une jeune femme accouche. Les soldats israéliens restent de marbre, le ton monte chez les Palestiniens. Un simple trouffion, Noam, essaie de porter secours à la malheureuse, ses supérieurs l’en empêchent… Triste jour pour un « heureux événement ». Les yeux de Noam reflètent son impuissance, son désarroi… et croisent ceux d’un beau Palestinien. Petite consolation…

Deuxième scène, changement radical de ton, d’ambiance. Noam est en civil, il rentre chez lui, dans le quartier branché de Tel Aviv, la ville que les Israéliens surnomment « la bulle » (the bubble), parce que nombre de ses habitants ont choisi un style de vie alternatif, déconnecté des réalités sociales et politiques du pays. Dans l’esprit de la majorité, ce terme de « bulle » est évidemment péjoratif, symbole de superficialité et d’égoïsme. Mais pour beaucoup d’habitants de Tel Aviv, leur choix de vie est une façon d’échapper à la morale ordinaire et manichéenne, de la contourner, de s’y opposer…

Noam retrouve son boulot de disquaire en même temps que ses deux co-loc : la brune Lulu, enjouée et généreuse, future styliste de mode qui est à deux doigts de se lancer dans une aventure vouée à l’échec avec un bellâtre animateur de télé; et Yali le dandy, co-gérant d’un restaurant branché, en pleine romance charnelle avec un macho rouleur de mécaniques, ex-baroudeur de Tsahal… Là, nous sommes en pleine comédie de moeurs, gaie et pêchue, brossant avec légèreté la vie trépidante de jeunes gens insouciants. Le ton du film est donné : dans cette région du monde, il n’y a qu’un jet de pierre entre la tragédie et le bonheur, entre la guerre et la paix.
Notre joyeux trio va être chamboulé par l’irruption d’Ashraf, que Noam va tout de suite reconnaître comme le garçon dont il avait croisé le regard de braise, lors du fameux contrôle d’identité au check-point de Naplouse. Une histoire d’amour supplémentaire va naître. Sans honte ni tabou, l’homosexualité s’affichant beaucoup plus sereinement à Tel Aviv que le fait d’abriter un Palestinien…
N’en racontons pas plus, sinon pour vous dire que le film n’a rien d’une bluette et que la suite de l’histoire prendra une gravité, un désenchantement qu’aucun des protagonistes n’aurait souhaités… Mais l’énergie, la joie de vivre, la croyance en un avenir meilleur débordent des coeurs de Noam, Lulu, Yali et Ashraf… Et même si tous ces élans positifs se brisent sur les préjugés, sur la haine, sur la logique de l’affrontement et de la mort, ce sont bien eux, porteurs de la logique de l’espoir et de la vie, qui resteront dans nos esprits.

Publié dans cinetampes

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