bientôt en salle

Publié le par MAX HEADROOM

LA FILLE COUPÉE EN DEUX

Claude CHABROL, France, 2007, 1h55mn, avec François Berléand, Ludivine Sagnier, Benoît Magimel, Mathilda May, Edouard Baer, Caroline Sihol, Marie Bunel, Etienne Chicot, Thomas Chabrol... Scénario de Cécile Maistre et Claude Chabrol.

 



Les charmes de la province selon Chabrol… Aujourd’hui, dans la bonne ville de Lyon…

Il y a le nouveau riche : Charles Saint-Denis, écrivain à succès qui a fui le microcosme littéraire parisien pour vivre en harmonie avec son art et son argent, dans une villa ultra design et à l’aménagement intérieur sans fausse note, tout droit inspiré d’un numéro spécial d’Art et décoration. Quelquefois, en se forçant un peu, il daigne sortir de sa réserve pour endosser le costume de « la célébrité nationale installée dans notre belle région », serrer les pinces de quelques huiles locales, ou faire semblant d’être proche de ses lecteurs lors de séances hypocrites de dédicace. Bien sûr, il cache sous sa barbe impeccablement taillée un secret pas forcément avouable.
Il y a la jeune fille fraîche comme une rose, naïve mais pas idiote, entière et pas farouche qui présente la météo sur la chaîne d’infos locale : Gabrielle Deneige, tout un poème ! Elle vit avec sa mère libraire, chevauche son scooter et annonce avec un sourire radieux les cumulus et les orages, tout en sachant que son heure viendra et que la météo n’est pas une fin en soi. Ni calculatrice, ni séductrice, elle ne se pose pas de questions et prend les choses telles qu’elle se présentent. Bien sûr, elle ne restera pas insouciante très longtemps, pour peu qu’elle croise le loup.
Il y a le fils de bonne famille, vaniteux, arrogant, orgueilleux et plein aux as : Paul Gaudens. Beau gosse à la mèche faussement rebelle, il ne fait rien pour sortir du moule familial, même s’il se délecte à pratiquer la provocation et le cynisme, histoire de faire semblant de brouiller les pistes. Il flambe, il séduit, tantôt odieux, tantôt méprisant, rien ne semble l’atteindre… en réalité, il est sans doute complètement barré… Bien sûr, il cache derrière son petit foulard en soie et sa belle bagnole un passif qui n’est pas des plus légers.

Et puis il y a l’ange de la nuit… la femme fatale, le désir ambulant qui fait peur et fascine. La mystérieuse brune sexy à l’étrange sensualité qui attire hommes et femmes sans distinction. Elle traverse le film à la manière d’un félin, à la fois lointaine et étrangère au récit, mais c’est bien elle qui en donne le parfum. Elle est sans doute la seule à n’avoir rien à cacher, au sens propre comme au figuré. Tout ce petit monde se croise, se ment, se séduit, se caresse, se sourit et se déteste.

La Fille coupée en deux est méchamment réjouissant, drôle, dramatique et cynique, avec un petit quelque chose en plus qui nous plonge dans des eaux plus troubles, là où la séduction devient perverse, là où le sexe ne s’embarrasse pas de normes sociales, ni de contraintes… Comme toujours chez Chabrol, rien n’est montré, tout est suggéré : c’est un film d’une chasteté totale alors que les personnages sont hantés par les idées les plus perverses… Effet garanti.

Publié dans cinetampes

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