La Commune (Paris,1871)

Publié le par MAX HEADROOM


Nous sommes en mars 1871, tandis qu'un journaliste de la Télévision Versaillaise diffuse une information lénifiante, tronquée, se crée une Télévision Communale, émanation du peuple de Paris insurgé... Dans un espace théâtralisé, plus de 200 participants (intermittents du spectacle, chômeurs, sans-papiers, provinciaux, montreuillois, simples citoyens, ...) interprètent, devant une caméra fluide travaillant en plans séquences, les personnages de La Commune pour nous raconter leurs propres interrogations sur les réformes sociales et politiques (...)
Créée à Montreuil en 1999, La Commune est donc une création hors norme. Avec un budget très faible mais grâce à l'étonnante énergie relationnelle de près de 300 comédiens et techniciens convaincus par la pertinence du sujet et l'évidence du propos, Peter Watkins, après 16 mois de préparation intense, a pu reconstituer et restituer en 13 jours l'exceptionnelle et effroyable expérience de La Commune. En se situant au plus près des gens du peuple dans le Paris de 1871, La Commune de Peter Watkins nous réveille et nous rappelle que l'histoire est un matériau vivant en devenir, et qu'à tout moment nous pouvons en devenir les acteurs lucides, conscients et responsables.

Par sa manière d'adopter les codes de la télévision et de la communication tout en en montrant leur perversité, Peter Watkins réalise un film qui brille par son intelligence et son sens politique. Exhibant la mise en scène, des décors jusqu'aux comédiens qui interviennent en leur propre nom, le réalisateur malmène ce qu'il appelle la monoforme – technique de réalisation usitée dans les J.T. – et en démontre sa perverse efficacité. L'entreprise est ambiguë puisqu'elle tend à faire du spectaculaire pour l’attaquer dans un même temps. Pourtant tout vient rappeler au spectateur qu'il s'agit bien là d'une mise en scène, car le but n'est pas d'imposer l'adhésion, mais de la suggérer, de demander au spectateur de fournir l'effort nécessaire pour y parvenir. L’incroyable implication et la complicité entre comédiens fait le reste. Certaines phrases surgissent sur l'écran et font fonction de didascalies historiques, politiques, tout en permettant à l'occasion d'effectuer des rapprochements entre cette situation de jadis et le contexte actuel. On prend le temps : celui de laisser parler, d'écouter comme de surprendre les acteurs d'alors et ceux d'aujourd'hui dans leurs travers et leur complaisance vis-à-vis du pouvoir ou du populisme médiatique. 

Publié dans cinetampes

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