PAPA EST EN VOYAGE D'AFFAIRES

Le film qui fit définitivement découvrir Emir Kusturica, Palme d’Or surprise du Festival de Cannes 1985. Ce n’était pas son premier film, à l’Emir, vu qu’auparavant il y avait eu Te souviens-tu de Dolly Bell ?, passé injustement inaperçu… Mais bref : Papa est en voyage d’affaires, c’était la découverte d’un cinéaste inspiré, d’un ton chaleureux, truculent et drôle pour décrire la situation d’un pays en crise à travers une famille en mille morceaux. Le film connut à sa sortie un joli succès, porté par un bouche-à-oreille très favorable. Il n’y a aucune raison pour que ce soit différent aujourd’hui, aucune raison pour que le charme n’agisse pas...

En 1952, la Yougoslavie de Tito divorce d’avec Staline et connaît une grave crise, le grand protecteur appliquant à son protégé ingrat un blocus implacable. Mesa Malkoi est, comme beaucoup d’autres, envoyé en camp de travail, victime d’une vengeance sentimentale, accusé par son beau-frère d’être un stalinien… Mesa a un petit garçon, Malik, qui a oublié d’être bête et dont la bouille rebondie va nous guider tout au long du film. Sa mère lui répète sans réelle conviction que « papa est en voyage d’affaires », mais le môme a tout compris et, pour échapper à une vérité trop oppressante, se réfugie dans le somnambulisme… Lorsque la famille est à nouveau réunie, dans une région éloignée, Malik, observateur philosophe des désordres amoureux de son père, connaît à son tour son premier amour et fait son apprentissage de la vie…
Pour raconter l'histoire chaotique de cette famille, Kusturica a choisi la carte de l'humour dévastateur et de la tendresse toute charnelle. Grâce à cette ambiance pétrie d'humanité et de chaleur, nous traversons avec Malik toutes les épreuves d'une époque sans pitié. Kusturica met en avant l'appétit de vivre. Dans cette chronique familiale sur fond d'histoire tragique, malgré toutes les difficultés, on aime chanter, boire et faire l'amour...